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Passé et méditations (l'exposition interdite)

Moi et le jeu social - et puis quoi en dire au présent ? - la question de l’imbrication des deux mondes est reposée dans l’œuvre présentée « Passé et méditations ». Elle se réfère à la question morale de l’œuvre littéraire de Herzen du même titre, à son influence sur la création et sur une époque.
La problématique générationnelle, thème de l’exposition « Père et fils », reposant le débat sur le « syndrome de la mémoire historique et collective », conduit l’artiste à développer un travail autobiographique sur les souvenirs, ceux plus précisément liés à sa vie d’homme adulte. Il s’agit d’une compilation introspective qui mêle fictions et moments vécus, fantasmés et déformés. L’artiste y aborde la question du moi, non pas par le prisme politique, comme ses pairs, mais par celui de l’image. Ici, c’est par l’expérimentation qu’on pénètre la psyché de l’artiste, sur le mode d’une « introduction » biographique recouvrant ces quinze dernières années. Aussi, les travaux vidéo peuvent évoquer les différents traumas et croyances propres à cette période post-soviétique : c’est ce qui se reflète dans l’œuvre en 3 dimensions, prototype d’« une tour de Tatline », faite de projections, de tournoiements et d’enfouissements.
Adaptation du roman de Herzen « Passé et méditations », le médium vidéo convoque vécu et imaginaire de l’artiste. D’abord, deux empilements de vidéos dans des écrans TV se présentent comme un « zapping », intelligibles immédiatement. Ils condensent dans « Passé-1 », plus rapide qu’un roman de vie, les visages de l’auteur à différentes périodes : il s’agit du « moi », tel qu’il s’est filmé et vécu. Le « Passé-2 », le « jeu social » figure  les différentes communautés d’amitiés et liens sociaux dans les lieux familiers ou étrangers, lors de fêtes ou de dîners. L’option proposée au spectateur est de choisir sur quelle onde sonore s’arrêter, la lecture combinée et interactive invite à découvrir par une perception sensorielle des moments de mémoire et relevant de différents univers.
Le projet souligne la persistance de nombreuses formes visuelles de l’histoire de l’art vidéo : vidéo house et doc, film autobiographique et performance par la mise en  scène de soi. Si le « replay » est, somme toute, assez muséal, avec ses codes visuels surexploités en tant que critique de l’image, il amène ici à un niveau supérieur de lecture. Les œuvres autobiographiques combinées, se répondant, comptent faire un point sur les différents « moi » et le monde extérieur, en faisant écho au forme du monument et le paradoxe au souvenir entretenu.
Dans le Miroir Suprématiste, Malévitch propose « une pharmacie en guise de tombeau des œuvres passées, où l’on garderait une pharmacie pour les conservateurs : le processus d’effacement et de souvenir se rencontrent. Anniversaire ou rétrospective : on ne sait plus, mais sûrement plus exactement une méditation sur les images-mémoires pour faire ce compte-rendu de la pratique actuelle de l’artiste et donner une réponse à « quoi faire au présent ».

Louise Morin

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Passé-1

Passé-2