David et compagnie…KOP Studio, 2013 Cette lecture combinée inspecte par le médium vidéo certaines perspectives du corps modélisé : archaïque, académique et imaginaire. Une des pièces est un rouleau de papier qui se déroule à l’infini où sont déclinés des dessins d’étudiants en art. Telle une bande narrative dans la sculpture, différentes figures y défilent. Il s’agit des copies des plâtres de David, Voltaire, Socrate et angelots. Dans un premier cadre de carton, suivant une rotation progressive de 180 degrés, une image animée est créée par les différentes perspectives que les étudiants ont choisies pour exécuter leur copie. L’étrangeté réside dans le réalisme du dessin qui se veut au plus proche du modèle mais qui, pourtant, n’échappe pas à la modulation de ses proportions. Par l’animation du trait, on voit comment ce qui relève de la « norme » n’est pas loin de glisser dans l’anormal. Le visage qui se métamorphose renvoie à une évolution de l’homme sur plusieurs années ou plusieurs siècles. Ces figures copiées par des générations d’élèves font partie de l’histoire du dessin académique et de celle de nos civilisations. La vidéo en boucle exprime l’intemporalité des modèles. L’exercice est répétitif pour arriver à sa maîtrise, mais ce point culminant n’arrive jamais, on reste à regarder les mêmes têtes réalisées par les mêmes classes d’élèves. « Crayonne … crayonne ! », dans un deuxième cadre en carton, le dessin se construit sur le support d’un autre qui se déconstruit pour disparaître totalement. En écho aux strates d’architectures du dessin, une vidéo vient se projeter sur des mannequins. Corps d’hommes et de femmes interchangeables et standardisés comme on les trouve partout. Le mannequin blanc, objet vulgarisé, évoque d’avantage le consommé que la mode. Des images transitent ces corps, à la fois moules et matrices, ils s’opposent aux dessins d’architecture précédents où on ne peut pas percevoir toutes les textures, stries et différentes épaisseurs de la peau. Ici, le corps projeté est un corps organique « de tous les temps ». On y voit les sous-couches réelles et fantasmées du corps humains : une forme de vie souterraine avec ses fondations, ses premières ou dernières formes de vie : les vers! Masculin et féminin sont séparés sur les deux lieux d’expositions, un couple qui, en se rejoignant, forme une seule image, à trois dimensions. Louise Morin |
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